Paternité et Dépression Post-partum

man holding a baby

Souvent associée à la femme qui vient d’accoucher, la dépression post-partum peut aussi toucher les pères. Et pourtant, elle reste encore largement méconnue. Les premières semaines après la naissance sont marquées par une fatigue extrême, une perte de repères et une avalanche d’émotions contradictoires. Chez certains hommes, ces bouleversements se transforment peu à peu en une réelle détresse psychologique.

Selon plusieurs études, dont une réalisée par le centre médical de l’UHA, près d’un père sur dix vivrait une forme de dépression postnatale. Ce chiffre montre que la paternité n’est pas seulement un changement de rythme : c’est aussi un profond remaniement identitaire, émotionnel et relationnel. Reconnaître cette réalité, c’est déjà un pas vers une paternité plus consciente et bienveillante — pour soi, pour son enfant, et pour sa famille.

Quels sont les signes d’une dépression post-partum chez les pères ?

Les symptômes peuvent passer inaperçus, d’autant plus que beaucoup d’hommes ont appris à taire leur souffrance. La pression sociale du « papa fort » ou du « pilier de la famille » rend souvent difficile l’expression d’un mal-être. Pourtant, certains signaux doivent alerter :

  • une perte d’énergie, de motivation ou de plaisir au quotidien ;

  • un sentiment d’irritabilité, de colère ou d’impatience ;

  • des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;

  • des changements physiques (appétit, poids, douleurs diffuses) ;

  • un détachement émotionnel vis-à-vis du bébé ou de la partenaire ;

  • et parfois, une culpabilité persistante de ne pas « être à la hauteur ».

Ces signes ne sont pas une faiblesse, mais une alarme bienveillante du corps et de l’esprit. Si tu t’y reconnais, sache que tu n’es pas seul : la dépression post-partum masculine est plus courante qu’on ne le pense, et elle mérite la même attention que celle vécue par les mères.

Comprendre la Dépression Post-Partum Masculine : Témoignages et Ressources

Il est souvent difficile pour un père de reconnaître qu’il traverse une période de détresse émotionnelle. Entre la pression de « rester fort », la peur du jugement et le manque de modèles masculins ouverts sur ces sujets, beaucoup d’hommes préfèrent se taire. Pourtant, parler de ce qu’on ressent est souvent le premier pas vers le mieux-être.

Dans une vidéo sur postpartum.org, un homme prénommé Allen 
résume son expérience à une période de stress émotionnel intense avec une vague d’épuisement.

"Mentalement, j'ai perdu le sens de qui j'étais. Physiquement, j'étais épuisé." - Allen

Le changement hormonal chez les hommes est bien entendu différent de celui vécu chez la femme après un accouchement. Toutefois, le temps passé avec le bébé et le stress peuvent affecter les niveaux de testostérone et sérotonine, augmentant significativement le risque de dépression.

Au Québec, plusieurs ressources existent pour accompagner les pères qui vivent une période difficile :

  • Naître et grandir propose des articles et des outils pour mieux comprendre les changements émotionnels après la naissance.

  • Tel-Aide (1-877-700-2433) offre un service d’écoute anonyme et confidentiel, disponible partout au Québec.

  • Les CISSS et CIUSSS régionaux disposent de programmes de soutien psychologique et familial accessibles sur simple demande.

  • Et bien sûr, les groupes de pères (souvent organisés en ligne ou dans les maisons de la famille) permettent de briser l’isolement et d’échanger sans jugement.

Impacts d’une dépression postpartum

Il est important de faire les démarches pour s’aider à passer à travers sa dépression car celle-çi à des impacts notamment sur la vie du papa et de sa famille, tels que:

  • Porter moins d’attention à la santé du bébé
  • Plus haut risque de problèmes comportementaux chez l’enfant
  • Baisse de la qualité des relations familiales (agressivité, isolement)

À long terme, la dépression paternelle peut aussi influencer la dynamique familiale : plus d’irritabilité, un sentiment d’échec, et parfois une distance affective qui s’installe sans qu’on s’en rende compte.

Mais il faut aussi dire ceci et c’est important : se rétablir est tout à fait possible. Avec du soutien professionnel ou communautaire, la majorité des pères vont retrouver rapidement un équilibre émotionnel et une meilleure confiance en eux. On est capable! 

Si tu traverses une période difficile, n’hésite pas à consulter ton médecin, un psychologue, ou à contacter ton CISSS régional pour connaître les services disponibles. Prendre ce pas-là, c’est déjà prouver à ton enfant que le courage n’est pas d’endurer, mais de chercher à comprendre et à guérir.

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