Il y a des moments dans la vie où on se retrouve face à des émotions fortes qu’on n’avait pas vu venir. Depuis la naissance de mon deuxième enfant il y a quelques semaines, je vis exactement ça : un amour fou pour ce nouveau petit être, mélangé à une nostalgie troublante pour notre vie à trois qui me semblait, jusqu’à récemment, parfaitement équilibrée.
Est-ce possible d’aimer un enfant de tout son cœur tout en craignant d’avoir brisé quelque chose de précieux ? J’ai découvert que oui, et c’est déstabilisant.
Le moment de vérité
Ma grande fille est venue rencontrer sa petite sœur à l’hôpital quatre jours après qu’on l’ait confiée à sa mamie. Quatre jours sans la voir — une éternité pour nous qui ne nous séparons jamais longtemps. Elle m’avait tellement manqué.
C’est à ce moment précis, en la voyant découvrir sa sœur, que ça m’a frappé de plein fouet : nous ne sommes plus la même famille qu’avant. Cette transformation est irréversible, et ça m’a pris aux tripes plus fort que je ne l’aurais imaginé.
L’art de vivre avec la contradiction
Ce qui me serre le plus le cœur aujourd’hui, c’est de voir ma plus vieille ressentir exactement ce que je redoutais. Elle a perdu une partie de cette attention exclusive qu’elle connaissait depuis toujours. Même quand je m’efforce de lui consacrer du temps précieux — comme cette belle journée qu’on a passée ensemble dehors —, je perçoit bien que quelque chose a changé pour elle aussi.
Dans son livre Good Inside, la psychologue Dr. Becky Kennedy dit quelque chose d’important : notre rôle de parent n’est pas de ressentir les « bonnes » émotions, mais d’accueillir ce qui est vrai en nous, même quand c’est complexe et inconfortable.
Alors voilà ma vérité : aimer Bébé #2 ne trahit pas Bébé #1. Regretter parfois notre ancienne dynamique ne diminue en rien l’amour immense que je ressens pour notre nouvelle réalité. Deux émotions contradictoires peuvent cohabiter dans le même cœur, et c’est profondément humain.
L’effet domino de la culpabilité
Un piège dans lequel je tombe facilement ces temps-ci, c’est la surcompensation. J’ai déjà naturellement de la difficulté avec la discipline, et là, c’est amplifié. Je ne veux pas contrarier Ollie davantage, je veux l’aider à traverser cette période difficile… mais parfois, ça me joue des tours.
Le défi, je commence à le réaliser, n’est pas d’effacer ce tiraillement émotionnel. C’est d’apprendre à vivre avec lui, sans regret et sans gêne. D’accepter que grandir en famille, c’est aussi accepter que certains équilibres se perdent pour en créer de nouveaux.
Et vous ?
Si vous vivez ou avez vécu quelque chose de similaire, sachez que vous n’êtes pas seuls. Ces sentiments contradictoires ne font pas de nous de mauvais parents bien au contraire, ils font de nous des humains qui aiment profondément.
Parfois, c’est ça, être fier papa : accepter que l’amour puisse être à la fois simple et compliqué.